Lausanne, 14 avril 2025 – Fruit d’une collaboration italo-suisse, RoboCake est un gâteau de mariage robotisé présentant les dernières avancées en matière de robots comestibles et alimentation robotisée. Le projet a été dévoilé hier à l’Exposition Universelle d’Osaka.
Le RoboCake est prêt. Ce gâteau robotique comestible est le résultat d’une collaboration entre des chercheuses et chercheurs de l’EPFL et de l'Istituto Italiano di Tecnologia (IIT) et des pâtissiers et experts en alimentation de l’EHL, groupe éducatif en management hôtelier et business. Conçu sous la forme d’un gâteau de mariage, RoboCake est décoré de deux oursons en gélatine et de piles comestibles en chocolat noir qui alimentent des bougies. Le projet a été dévoilé hier au Pavillon suisse de l’Exposition universelle d’Osaka.
Cela peut sembler incongru. Pourtant, créer des robots comestibles ou de la nourriture robotisée est un défi bien réel, que de nombreux scientifiques tentent de relever. Un groupe de recherche international y travaille dans le cadre de RoboFood. Financé par l’UE et coordonné par l’EPFL, ce projet est dédié au développement d’une nouvelle génération de nourriture intelligente.
« La robotique et l’alimentation sont deux mondes très différents », relève Dario Floreano, directeur du Laboratoire de systèmes intelligents (LIS) de l’EPFL et coordinateur du projet RoboFood. « Toutefois, les allier offre de nombreux avantages, en particulier en termes de réduction du gaspillage, tant pour ce qui est du matériel électronique que de la nourriture. » Les scientifiques étudient également d’autres applications, notamment dans le domaine de la nutrition d’urgence et de la santé. « L’usage de robots comestibles pourrait par exemple servir à amener des denrées de base aux populations vivant dans des régions dangereuses ou menacées, être une solution innovante pour administrer des médicaments aux personnes ayant des difficultés à avaler, permettre de nourrir des animaux, ou encore de surveiller l’état et la fraîcheur des aliments grâce à des capteurs pouvant être ingérés. »
Un exemple de recherche alimentaire
La création de robots comestibles ouvre aussi la porte à de nouvelles expériences culinaires. Le RoboCake illustre les avancées réalisées dans le cadre du projet RoboFood.
Au sommet du RoboCake se trouvent deux personnages, des ours en gomme entièrement comestibles, qui ont été conçus au LIS. « Ils sont faits à base de gélatine, de sirop et de colorants », décrit Bokeon Kwak, chercheur dans ce même laboratoire. Ces figurines de sucre sont également animées « grâce à un système pneumatique interne : lorsque de l’air y est insufflé, leurs têtes et leurs bras se mettent à bouger. »
Mais ces deux petits ours dansants, qui ont le goût de bonbon à la grenade, ne font pas à eux seuls toute l’originalité de cette pâtisserie. Sous la direction de Mario Caironi, les chercheurs de l’IIT ont inventé la première batterie rechargeable mangeable. Composée de vitamine B2, de quercétine, de charbon actif, et de chocolat pour la touche gourmande, « ces batteries, que l’on peut consommer sans risque, alimentent les bougies à LED disposées sur le gâteau », explique Valerio Galli, doctorant. « La première saveur que l’on sent en les mangeant est le chocolat noir, suivie d’une surprenante sensation piquante, due à l’électrolyte comestible se trouvant à l’intérieur. Celle-ci ne dure que quelques secondes. » Cette invention est une solution potentielle au problème de l’accumulation des déchets électroniques, qui atteint 40 millions de tonnes par année.
La cerise sur le gâteau
Pour rendre ces innovations appétissantes et s’assurer que leur consommation est sans danger, les ingénieures et ingénieurs se sont associés aux experts en alimentation et aux pâtissiers de l’EHL. « Notre défi était de trouver la meilleure manière de mettre en valeur les inventions de nos deux partenaires, l’EPFL et l’IIT, en y ajoutant ce que nous faisons de mieux : l’indulgence. C’est ainsi qu’est né RoboCake, un véritable gâteau festif, qui relève le défi de combiner technique, électronique et plaisir gustatif », exprime Julien Boutonnet, maître d’enseignement senior en arts pratiques à l’EHL et détenteur de l’une des distinctions les plus prestigieuses du domaine, celle de Meilleur Ouvrier de France (MOF) pour la pâtisserie et la confiserie.
« Cette collaboration interdisciplinaire ouvre la voie à des expériences gastronomiques interactives et délicieuses, tout en nous rappelant au passage que la nourriture est une ressource précieuse et en nous incitant à réduire la suralimentation », ajoute Dario Floreano.
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